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Pierre François GUYOT DESFONTAINES



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Né à Rouen en 1685, l'abbé Desfontaines, de confession jésuite, maître de Fréron, est célèbre pour ses démêlés avec nombre de ses contemporains, et en particulier Voltaire, que celui-ci considère comme son " plus cruel ennemi " (Voltaire, Mémoire sur la satire).
Critique (souvent excessif et vindicatif), traducteur de Virgile et journaliste littéraire, accusé de plagiat, méprisé par Diderot qui trouve sa plume " lourde et pesante " (D. Diderot, Œuvres, VI, 355), et pour ses mœurs coupables (qui lui vaudront d'aller en prison en 1724), le traducteur présumé des Voyages de Gulliver est aussi à l'auteur du Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits du siècle, publié en 1726 et accompagné d'un Eloge historique de Pantalon Phoebus, mystérieux personnage que bon nombre s'accordent à qualifier de fictif, et composé, pour reprendre les termes de l'auteur dans la préface de la troisième réédition, " de tous les différents personnages dont on parle dans ce Dictionnaire (…), l'homme Universel ".

Le dictionnaire de Desfontaines se présente sous un format que beaucoup, à sa publication, ont jugé relativement modeste, puisqu'il s'agit d'un in-12 de 10x17 cm d'environ 220 pages. Il connut entre 1726 et 1731 deux rééditions, enrichies de nouveaux mots et nouvelles expressions, et augmentées de divers articles. Dans sa préface, l'auteur expose brièvement les raisons qui l'ont amené à " composer " ce dictionnaire : " ce n'est pas pour Paris que je publie mon Livre, mais pour la Province, où les belles manières de parler, en usage dans la capitale, n'ont pas encore pénétré ". Il s'agit également pour l'abbé Desfontaines d'enrichir la langue, qu'il juge alors " assez pauvre ", et de repousser " les bornes ingrates d'une langue stérile et scrupuleuse ". A chaque entrée des mots du dictionnaire, l'auteur jongle entre définitions sommaires, commentaires, explications et jugements appréciateurs du terme, avec mention précise de la source où il a été employé. Il n'hésite pas également à tourner en ridicule certains usages de mots ou expressions faits par ses contemporains ou ses prédécesseurs, critiques qui exaspérèrent Voltaire, comme en témoigne cette citation tirée du chapitre VIII du Préservatif :
" Il est bon qu'on sache que ce Dictionnaire néologique est une satire dans laquelle on prend la peine inutile de relever des fautes connues de tout le monde, et de critiquer de très belles choses à la faveur des mauvaises qu'on reprend. "
Mais certains auteurs tels que Antoine Sabatier de Castres ne tariront pas d'éloges sur l'abbé Desfontaines, allant jusqu'à le surnommer le " nouvel Aristarque " et en affirmant que " personne ne connaissoit mieux que lui les regles & les raisons des regles; personne ne les développoit avec plus de finesse, d'agrément & de clarté; personne ne saisissoit avec autant de précision les différens degrés du beau, & les moindres nuances du ridicule... " (A. S. de Castres, Enéides II, 78-79).

Tout au cours de sa vie Desfontaines fera ainsi cohabiter les essais de vulgarisation historique (avec notamment une Nouvelle Histoire de France, publiée en 1730), la critique littéraire et la satire. Sa disparition le 16 décembre 1745 passe quasiment inaperçue.



Khalid Alaoui