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Lorédan LARCHEY (Metz, 26 janvier 1831 - Menton, 12 avril 1902)



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Lorédan LARCHEY1

(Metz, 26 janvier 1831 – Menton, 12 avril 1902)

Larchey est fils de militaire, sous Napoléon III ; il sera lui aussi militaire quelques temps comme canonnier, après des études de droit.

A 19 ans, il entre à l’Ecole des Chartes et y fait la connaissance de l’éditeur Poulet–Malassis, de six ans son aîné, au moment où celui-ci reprend l’imprimerie familiale. Ils se fréquentent et c’est par son intermédiaire qu’il rencontrera Baudelaire.

Larchey délaisse les études chartistes2 pour se consacrer à l’art : il fait alors de l’aquarelle, du dessin (croquis, caricatures), de la gravure3.

En 1852, le voilà bibliothécaire4 à la Bibliothèque Mazarine, pendant plus de vingt ans, pour l’être ensuite (en 1873) à la Bibliothèque de l’Arsenal. Dont il deviendra le conservateur en 1880 (à 51 ans).5

C’est pendant la période où il travaille à la Mazarine qu’il écrit son œuvre la plus connue : Les Excentricités de la langue française (1860), devenue rapidement, dès l’édition suivante, Les Excentricités du langage (1861) puis, définitivement, Dictionnaire d’argot dans toutes les éditions suivantes, titre développé de façon variable selon les réimpressions et ajouts (voir détails infra, partie Œuvre).

Cet ouvrage sur l’argot est le plus célèbre de ses écrits, mais Larchey est l’auteur d’un autre dictionnaire, sur les noms patronymiques et leurs étymologies (voir détails infra, partie Œuvre).

Il fonde 1855 La Revue anecdotique des lettres et des arts6, et s'en occupera jusqu'en 1861 puis La Petite Revue7.

Par ailleurs, outre sa revue « des excentricités » il participe à la vie éditoriale d’autres revues et journaux : Le Figaro, Paris-Magazine8, Le Monde illustré9, Le Courrier de Paris, Paris-Magazine, Le Bibliophile français10 ; Le Progrès de Lyon, L’Impartial du Rhin, La Bibliothèque de Genève.

Enfin, intéressé par l’histoire en général, l'histoire militaire en particulier, dans ses faits d'armes, d'honneur ou anecdotiques, humains ; amoureux de la langue, curieux de tout, d’un grand éclectisme, de nombreux ouvrages font état de cette curiosité et de ce goût.

L’œuvre de Lorédan Larchey

Argot :

Les Excentricités de la langue française en 1860 (1860)

Les Excentricités du langage (1861, 1862, 1865)

Voici un extrait de l’Avant-propos de 1861 :

« On s’est obstiné jusqu’ici à regarder l’argot comme un patois réservé aux classes dangereuses [ ] qu’on ne s’y trompe pas [ ] il a [ ] cours dans toutes les classes de la société, sans en excepter les plus hautes. […] Homme, femme, enfant, matelot, prolétaire, fashionable, épicier, artiste, industriel, partisan politique, tous parlent leur petite langue conventionnelle. »

En 1865, il écrit ceci :

Par quatre fois, les bontés de la critique et les suffrages du lecteur ont appris aux Excentricités du langage qu’elles répondaient non à un caprice, mais à un besoin très vif et très particulier, que nous appellerons le besoin de savoir ce qui se dit, par opposition au besoin de savoir ce qui doit se dire, le seul que nos lexiques satisfont généralement.11

Et voici quelques exemples d’articles tirés de l’édition de 1861 :

Bahut : Pension, collége.12

Combien n’a-t-on pas entendu d’enfants dire avec tristesse : Il faut que je retourne au bahut !

Quelques enfants peu respectueux disent, par extension : le bahut paternel en parlant du logis de leurs auteurs.

Engueuler : Invectiver.

« Et puis j’vous engueule la vilaine » Rétif, 1783.

Très-usité.

Roulée : Vigoureuse correction. – Syn. : Rincée, tripotée, trempée, brossée, tournée, rossée. – Il est à noter que ce néologisme si riche en synonymes n’a pas son équivalent dans la langue académique.

Vinaigre (Crier au) : Accuser une personne de chanter faux.

Violon : Prison. – Un girondin, Ducos, fit quelques jours avant sa mort cette chanson dans l’hôtel de la Conciergerie :

Vient un municipal

Lequel, d’un ton brutal,

Dit : Citoyen, vous avez tort

De voyager sans

passe-port.

Pour punir cet oubli,

Il vous faut aujourd’hui

Danser la carmagnole

Au bruit du son du violon.

Chaque édition est revue, augmentée ; la nomenclature n’est pas identique ; des exemples sont ajoutés ou transformés. L’auteur développe à chaque ouvrage une introduction, souvent longue, où il fait un point, un état des lieux, ainsi qu’une présentation de l’édition nouvelle.

Dictionnaire historique, étymologique et anecdotique de l’argot parisien. (1872)13

Dictionnaire historique d’argot. (1878)14

Dictionnaire historique d’argot. (1881 : 2 impressions)15

Voici un extrait de l’Introduction à la 9e édition :

« C’est dans le grand torrent de la circulation parisienne que les nouveaux [mots] venus viennent se confondre, et s’abandonner au courant qui doit décider de leur fortune ; car Paris fait la mode des mots, comme il fait la mode des chapeaux. »

En 1883 et 1889 sont ajoutés deux suppléments :

Supplément aux neuvième et dixième éditions du Dictionnaire d’argot, avec une introduction substantielle et un répertoire spécial de largonji16.

Nouveau supplément du Dictionnaire d’argot ; avec Le vocabulaire des chauffeurs de l’an VIII17 ; et Le répertoire de Largonji.

Autres ouvrages de l’auteur et publications de diverses œuvres d’autrui :

1857 : Journal de Jehan Aubrion, bourgeois de Metz, avec sa continuation, par Pierre Aubrion, 1465-151218

186219 : Histoire du gentil seigneur de Bayard, composée par le loyal serviteur20.

1862 : Origines de l’artillerie française. 1re période, 1324-1354.

1863 : Journal des inspecteurs de M. de Sartines, 1re partie, 1761-1764.

1864 : Les Mystifications de Caillot-Duval, avec un choix de ses lettres les plus étonnantes, suivies des réponses de ses victimes.

1866 : Notes de René d’Argenson, lieutenant général de police, intéressantes pour l’histoire des mœurs et de la police de Paris à la fin du règne de Louis XIV.

1867 : Les Joueurs de mots, compilation faite par Lorédan Larchey, pour servir à l’histoire de l’esprit français.

Voici un exemple des articles qu’il contient :

« M. le baron Haussmann a publié ses mémoires ; on y remarque cette malice amusante à l’adresse de notre trop moderne noblesse.

- On devrait vous nommer duc de Paris.

- Paris n’est qu’un comté, et son titulaire est de famille royale.

- Alors duc de la Dhuys puisqu’on nous doit l’arrivée de ses eaux.

- Hé bien ! qu’on me nomme aque-duc.

En 1867 également : Gens singuliers.

1868-1871 : Documents pour servir à l’histoire de nos mœurs21.

1872 : Mémorial illustré des deux sièges de Paris, 1870-1871.22

1879, en collaboration23 : Les Grands hommes de la France. Industriels. Richard-Lenoir24, Jacquard25, Oberkampf26, Philippe de Girard27, Dollfus28 et Koechlin29.

188030 :Dictionnaire des noms, contenant la recherche étymologique des formes anciennes de 20200 noms relevés sur les annuaires de Paris.

1881 : Almanach des noms, contenant l’explication de 2800 noms.

1882 : Journal de marche du sergent Fricasse, de la 127e demi-brigade, 1792-180231

1883 : Les Cahiers du capitaine Coignet (1776-1850)32

1884 : Les Suites d’une capitulation. Relation des captifs de Baylen et de la glorieuse retraite du 116e régiment.

1886 : La Lorraine illustrée. L’ouvrage est collectif. Larchey traite de la partie régionale dont il est originaire : « Le Pays Messin ».

La même année : Nos vieux proverbes.

1890 : Ancien armorial équestre de la Toison d’or et de l’Europe au XVe siècle33

1893 : L’Esprit de tout le monde. Les riposteurs.

Voici un exemple des articles qu’il contient :

« S’apercevant, dans une soirée, que Talleyrand semblait particulièrement occupé de Mme de Récamier, Mme de Staël pose au prince cette question embarrassante pour sa galanterie, mais bien féminine :

- Si nous tombions à l’eau toutes deux, laquelle vous paraîtrait digne d’être secourue la première ?

- Je parie, baronne, que vous nagez comme un ange. »

189334 : Extrait du Journal du canonnier Bricard. La Discipline aux armées de la première République, 1794-1796.35

1899 : Monde féodal. Europe, XVe siècle.36

Nicole Cholewka.
  

Sources :

Pour cet article, toute la documentation préparatoire m’est venue d’Internet, essentiellement grâce à Gallica, mais aussi aux sites suivants : Centre d’études du 19e siècle français Joseph Sablé ; histoires-litteraires.org (article de J. Duprillot) ; bribes.org

  

Notes :

1Précisément Lorédan, Etienne, Larchey.

2Entreprises contre son gré ; c'est son père qui tenait à ce qu'il les fît. Lui, aurait voulu être un artiste, et entrer aux Beaux-Arts.

3Il illustrera certaines des couvertures de la revue dont il sera le fondateur.

4Il semble que passer par l'enseignement de l'école des Chartes, même sans terminer le cursus, permettait l'obtention de certains emplois.

5On ne sait jusqu'à laquelle des années 1890 il assura cette fonction.

6Dès juillet 1856, la revue aura son nom transformé en Revue anecdotique des excentricités contemporaines, lesquelles " excentricités " sont un sujet de curiosité intellectuelle constante pour Larchey. C'est Poulet-Malassis qui lui succèdera comme directeur de publication. Le premier volume traite de " documents biographiques de toutes natures-nouvelles des librairies et des théâtres-bons mots-satires-épigrammes-excentricités littéraires de Paris et de la Province-bouffonneries de l'annonce-prospectus rares et singuliers ". Le contenu sera toujours de cette même veine .

7En 1863.

8Revue vendue par Le Figaro, auquel elle appartient, en 1868. Larchey y collabora alors.

9Journal hebdomadaire à partir du 18 avril 1857. Larchey a collaboré à la partie littéraire. Il y poursuivait selon ses propres mots une " sorte de revue rétrospective ". C'est dans cette publication qu'en 1865 il fera découvrir de larges extraits des Souvenirs de Jean-Roch Coignet (1851).

10Où par exemple il écrira en 1869 un article sur Casanova.

11Entre autres " excentricités ", il est plaisant de relever des usages qui perdurent, dans l'utilisation d'abréviations : bac, benef, occase, réac, topo par exemple.

12Sic. A l'époque, l'accent du mot était aigu.

13Titre complet : [ .] Sixième édition des Excentricités du langage, mise à la hauteur des révolutions du jour.

14Titre complet : [ .] Septième édition des Excentricités du langage.

15Titres complets : [ .] Huitième édition des Excentricités du langage, mis à la hauteur des révolutions du jour. Et [ .] Neuvième édition des Excentricités du langage, mis à la hauteur des révolutions du jour.

16Le largonji (des loucher[s]bem de la Villette) était le jargon des bouchers. Sa formation consistait à remplacer la consonne de début de mot par un l systématique, à replacer cette consonne en fin de mot, et à suffixer (de façon variable).

17Ces chauffeurs étaient " des voleurs de campagne, organisés en bande, prenant les fermes d'assaut et brûlant les pieds de leurs victimes jusqu'à ce qu'ils [sic] disent où était déposé leur argent ".

18Titre complet : [ ,] publié en entier pour la première fois par Lorédan Larchey.

19La date de publication est incertaine. Ce peut être 1882.

20Titre complet : [ ,] Edition rapprochée du français moderne avec une introduction, des notes et des éclaircissements de Larchey.

21En 12 volumes.

22L'œuvre sera rééditée en 1874, dans une nouvelle collection.

23C'est Albert Rouxel qui a mené cette étude. Y participait aussi B. Mossmann.

241765-1839. Manufacturier du coton.

251752-1834. Inventeur du métier à tisser semi-automatique.

261738-1815. Allemand naturalisé Français. Fondateur de la manufacture de Jouy-en-Josas (cf toile de Jouy).

271775-1845. Inventeur de la machine à filer le lin.

28(Henri) 1755-1825. Fondateur, avec son frère, d'une entreprise de tissus à Mulhouse (la future DMC).

29(André) 1789-1855. Directeur de DMC. Fondateur d'une fonderie à Mulhouse (à l'origine de la SACM et d'ALSTHOM).

30D'autres dates de 1e édition ont été avancées, en particulier 1878. Il semble que ce soit cet ouvrage qui ait servi d'étude de référence pour Albert Dauzat et son Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France (1951).

31Titre complet : [ ], publié pour la première fois par Lorédan Larchey, d'après le manuscrit original.

32Titre complet : [ ], publié d'après le manuscrit original. Cet ouvrage, récit familier, racontait les souvenirs de Jean-Roch Coignet grenadier. Larchey retravailla orthographe, style. L'ouvrage sera régulièrement réédité.

33Titre complet : [ ], fac-similé contenant 942 écus, 74 figures équestres, en 114 planches chromotypographiées, reproduites et publiées pour la première fois d'après le manuscrit 4790 de la bibliothèque de l'Arsenal.

34Date incertaine.

35Titre complet : [ ] Publié par les petits-fils de l'auteur, Alfred et Jules Bricard, avec une introduction de Lorédan Larchey.

36Titre complet : [ ] Costumes vrais, fac-similés de 50 mannequins de cavaliers en grande tenue héraldique, d'après le manuscrit d'un officier d'armes de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, 1429-1467.