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Jean-Charles Thibault de LAVEAUX
(17 novembre 1749, Troyes - 15 mars 1827, Paris)



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Humaniste, grammairien et homme de lettres français, Laveaux commença ses études littéraires dans sa ville natale, Troyes, où d’ailleurs il n’obtint pas de très bons résultats, pour les achever brillamment à Paris.


Son expérience en langue germanique
Laveaux fut tout d’abord professeur de langue française à Bâle, puis enseigna la littérature française et devint membre de l’Académie Caroline à Stuttgart. Par la suite, Frédéric II, qui appréciait ses talents, le fit venir à Berlin afin de lui confier une chaire à l’université de cette ville. Laveaux qui maîtrisait parfaitement la langue allemande, participa à de grands travaux sur la Monarchie prussienne sous Frédéric-le-Grand, publiés en 1788. Ceci lui conféra le titre honorifique d’historien du grand roi.


L’engagement révolutionnaire
Après la mort de ce prince, et donc au moment où éclate la révolution française, il regagna la France et s’établit à Strasbourg afin de ne pas rester étranger à ces grands événements auxquels il croyait. Le libraire Treuttel lui confia alors la direction du journal politique et littéraire Le Courrier de Strasbourg (1791-1792). Mais, ses opinions politiques très marquées l’obligèrent à quitter l’Alsace. Laveaux, jacobin enragé, clamait en effet son mépris envers l’église et le clergé, ce qui lui valut évidemment de nombreux ennemis.
Il s’établit alors à Paris en 1792. Après le 10 août de cette même année, l’Assemblée législative le nomma membre du tribunal instauré le 17 août, pour juger ceux qui avaient pris la défense du roi. Son attitude, en cette occasion, fut dénuée de tout excès. Pendant la terreur, il devint rédacteur en chef du Journal de la Montagne (1793-1796).
Ses articles, témoignant fortement de son ardeur politique, lui coûtèrent de nombreuses dénonciations, incarcérations et libérations. Désappointé et déçu par la politique, il renonça au rôle de journaliste et revint alors à ses goûts littéraires, en traduisant notamment des ouvrages allemands.


Un grammairien lexicographe
Il fut successivement professeur des langues anciennes, chef de bureau à la préfecture de la Seine sous le consulat et inspecteur général des prisons et hospices de ce département sous l’Empire. C’est à cette époque qu’il rassembla les matériaux de son Dictionnaire de la langue française, édité après vingt années de travail. Ses différents postes lui laissèrent le temps de coordonner ses travaux et de les publier.
A la seconde restauration, il fut destitué et il mourut à Paris à l’âge de 78 ans.

C’est en tant que grammairien et lexicographe que Laveaux se fit connaître. Son premier ouvrage fut le Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française, publié à Paris en 1818, correspondant à un volume in-8° (troisième édition par Marty-Laveaux, 1844, 8°).
Dans cet ouvrage élaboré avec goût et sagacité, Laveaux apparaît extrêmement puriste et conservateur. Son dictionnaire constitue cependant un travail remarquable et beaucoup plus personnel que celui de Boiste. Quant à son Nouveau dictionnaire de la langue française, où l’on trouve tous les mots de la langue usuelle, les étymologies, l’explication détaillée des synonymes, etc., publié à Paris en 1820 (in-4° ; seconde édition, Paris 1828, deux volumes, in-4°), il donne l’occasion à Laveaux de juger sévèrement celui de l’Académie Française, trop préoccupée, selon lui, à inventer des phrases, plutôt que de citer des exemples empruntés aux auteurs reconnus.
Pourtant, le Dictionnaire de Laveaux mentionne peu d’écrivains et ne prend absolument pas en compte le XIXe siècle. Mais, par l’exactitude et la rigueur de ses définitions, le dictionnaire de Laveaux est à l’origine des dictionnaires modernes.

On lui doit aussi un Dictionnaire synonymique de la langue française (Paris 1826, deux tomes ou un volume, in-8°). Cet intitulé lui semble plus approprié que celui de « Dictionnaire des synonymes » puisque ce dernier ne regroupe pas vraiment des mots synonymes, qui n’existent pas, mais des mots dont les sens présentent des ressemblances partielles. De plus, l’édition de 1802 du Dictionnaire de l’Académie française, augmenté de plus de vingt mille mots, fut éditée à Paris en 1842.

Laveaux est également l’auteur de nombreux autres ouvrages, dont la liste ci-après donne une idée de la variété : Le Maître de langues ou Remarques sur quelques ouvrages français écrits en Allemagne, Berlin 1783, Leipzig 1786, in-8° ; Tableaux philosophiques, historiques et moraux, première partie, Berlin 1783, in-12° ; Cours théorique et pratique de langue et littérature françaises, ouvrage entrepris par l’ordre du roi de Prusse, Berlin 1784, in-8° ; Dictionnaire français-allemand et allemand-français, 1784-1785, deux volumes, in-8° ; Les vrais Principes de la Langue Française, oder neue franz. Grammatik, Berlin 1785, in-8° ; Leçons méthodiques de Langue Française pour les Allemands, Stuttgard 1787, 1789, in-8° et Tubingue 1790, in-8° ; Vie de Frédéric II, roi de Prusse, Strasbourg 1788, sept volumes, in-12° ou in-8° ; Frédéric II, Voltaire, J-J Rousseau, d’Alembert et l’Académie de Berlin vengés du secrétaire particulier de cette académie, Paris 1789, in-8° ; Histoire de Pierre III, empereur de Russie, trouvée dans les papiers de Montmorin, Paris 1799, trois volumes, in-8° ; Nouveau Dictionnaire Français-Allemand et Allemand-Français, Paris 1803, deux volumes, in-4°.

Laveaux a par ailleurs traduit du latin l’Eloge de la folie, d’Erasme (1782, in-8°) et de l’allemand Muserion, ou le Philosophe des Grâces, de Wieland (1784, in-8°).

Laveaux reste à nos yeux un grammairien et lexicographe de qualité, auteur de notre premier grand dictionnaire de difficultés grammaticales.



Laurence GANDOLFO


Sources bibliographiques :

  • HOEFER, J.C.F., Nouvelle biographie générale etc., quarante-six tomes, 1852.
  • DEZOBRY, L.C., et BACHELET, J.L.T., Dictionnaire général de biographie, etc., deux tomes, cinquième édition, 1869.
  • DANTES, A. (pseud.), Dictionnaire biographique…des hommes les plus remarquables, etc., 1875.
  • SOCARD, E., Biographie…de Troyes et…de l’Aube, 1882.
  • SITZMANN, E., Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, etc., deux tomes, 1909-1910.
  • QUEMADA, B., Les Dictionnaires du français moderne, Paris, Didier, 1968.