Claude NONNOTTE
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Claude Adrien
François Nonnotte1
naît à Besançon le 29 juillet 1711. Son père est crocheteur2.
Son frère, Donat, est de quatre ans son aîné. Il sera peintre du
roi et doyen de l’Académie royale de peinture.3 A 19 ans, Claude
Nonnotte est pieux et a le goût de l’étude : on sait par exemple
qu’outre tout ce qui concerne la religion, il est intéressé par
l’italien, langue qu’il maîtrise. Par ailleurs, il fera montre
dans sa vie de connaissances variées. Il entre dans la Compagnie de
Jésus (et devient donc Jésuite). Il enseignera, et prêchera : à Amiens,
Paris, Versailles, Turin. De l’homme,
on peut dire qu’il était enjoué, ouvert, et apprécié pour la
vivacité de son esprit. « Attaché
à la religion par sentiment et par conviction, le père Nonnotte ne
put voir sans douleur le déchaînement du christianisme vers le milieu
du dernier siècle, et il entreprit de réfuter quelques-uns de leurs
ouvrages. » (L’Ami de la religion). L’abbé Nonnotte
est surtout connu pour ses diatribes contre Voltaire, et leur ping-pong
polémique, qui dura des années, par le biais d’écrits. En effet, il
publie, anonymement d’abord, un Examen critique, ou Réfutation
du livre des mœurs, puis ouvertement4, en 1762, Les
Erreurs de M. de Voltaire, en réaction à l’ Essai sur les
mœurs et l’esprit des nations
(1756), où Voltaire relate l’histoire moderne en insistant sur les
faits qui lui semblent les plus significatifs, avec en arrière-plan
constant la notion de raison. Nonnotte, jésuite, théologien, part
en croisade contre ce qu’il considère être de l’irrespect face
à la religion. Cependant, toutes solides que soient ses bases historiques,
il n’a pas, selon ses contemporains, le talent d’écrivain de celui
qu’il fustige, ce qui donne beaucoup moins de portée à ses idées ;
lesquelles, de plus, se manifestent dans un climat de tolérance prônée
par les philosophes. C’est Fez,
à Avignon, qui publia Les Erreurs.
Le libraire éditeur proposa à Voltaire de retirer de la vente cet
ouvrage lui portant ombrage, moyennant une somme de mille écus5.
Voltaire cite dans ses écrits la lettre reçue datant du 30 avril6
(voir annexe 1). Fidèle à lui-même, il répond en raillant. Il est
d’ailleurs persuadé que c’est l’abbé lui-même qui a orchestré
cette transaction, ainsi qu’il l’évoque dans le même ouvrage (voir
annexe 2). Les Erreurs…
comportèrent plusieurs tomes ; outre Les Erreurs historiques, Les
Erreurs dogmatiques, « l’ennemi » est
aussi visé dans L’Esprit de Voltaire dans ses
écrits. De la même
façon que son « partenaire », Voltaire répond parfois anonymement
ou par nom d’emprunt. Aux erreurs
relevées, il apporte un Eclaircissement historique
à l’occasion d’un libelle7 calomnieux,
auquel, à leur tour, feront tenant les Réponses aux
éclaircissements historiques. Constamment
en réaction contre Voltaire et ses idées, Nonnotte répliquera à
son dictionnaire philosophique en publiant en 1772 un Dictionnaire
philosophique de la religion, où
l’on établit tous les points de doctrine attaqués par les incrédules,
et où l’on répond à toutes leurs objections, le précédant,
dans la même optique, d’un Dictionnaire anti-philosophique, pour
servir de commentaire et de correctif au Dictionnaire philosophique,
et aux autres livres qui ont paru de nos jours contre le christianisme
(1768), et le faisant suivre, des années plus tard, de
l’Anti-Dictionnaire philosophique
(1780). Lorsque en
1773 l’Ordre des jésuites est supprimé8, Nonnotte se
retire dans sa ville natale du Doubs, et continue d’œuvrer à la
défense de la religion, et de la conception qu’il en a. Il publiera
encore, en 1789, Les philosophes des trois premiers siècles
de l’Eglise, ou Portraits historiques des philosophes païens
qui, ayant embrassé le christianisme, en sont devenus les défenseurs
par leurs écrits, et, la même année,
Principes de critique sur l’époque de l’établissement de la religion
chrétienne dans les Gaules. Il meurt à
Besançon le 29 juillet 1793 ; il a 82 ans. Nicole CHOLEWKA
Bibliographie : Laffont-Bompiani
(des auteurs ; des œuvres) Books.google
en ligne L’Ami
de la religion, journal ecclésiastique, politique et littéraire
(en ligne), 1820. Œuvres
complètes de Voltaire (1843 ; en ligne) Annexe 1 «[…] Avant
que de mettre en vente un ouvrage qui vous est relatif, j’ai cru devoir
décemment vous en donner avis. Le titre porte, Erreurs de M. de
Voltaire sur les faits historiques, dogmatiques, etc
[…] par un auteur anonyme. En conséquence je prends la liberté de
vous proposer un parti […]. Je vous offre mon édition […] montant
à 3,000 livres9. L’ouvrage est désiré universellement.
Je vous l’offre […] de bon cœur, et je ne la ferai paraître que
je n’aie auparavant reçu quelque ordre de votre part. […] » Annexe 2 « […] Nonotte
[…] fit proposer à M. de Voltaire de lui vendre pour mille écus
son édition, ne doutant pas que M. de Voltaire, craignant un aussi
grand adversaire que Nonotte, ne se hâtât de se racheter par cette
petite somme, après quoi Nonotte et consorts ne manqueraient pas de
faire une nouvelle édition de leur libelle, corrigée et augmentée.
[…] » Notes 1 L'orthographe patronymique originelle, ici respectée, avec 2 n, sera amputée d'un n sous la plume de Voltaire (et parfois reprise telle quelle par la suite). Quant à savoir s'il se prénommait Claude Adrien ou Claude François, les sources divergent. 2 Portefaix qui utilisait des crochets pour porter les fardeaux. 3 L'Ami de la religion signale qu'il existe une gravure de Claude faite par son frère, mais nous n'en avons pas trouvé trace. Son frère, né en 1707, mourra en 1785. 4 Les sources sont contradictoires : anonyme ou pas anonyme ? ; une chose est sure : Voltaire, lui, savait bien de qui il s'agissait ! 5 Montant donné par L'Ami de la religion. 6 L'Ami de la religion cite ce document (et le suivant, annexes 1 et 2) comme apparaissant dans la Correspondance générale. Sur le site des Œuvres complètes de Voltaire , il est présenté comme une honnêteté littéraire. 7 Un libelle, qui, par ailleurs, est un acte signifié par écrit, dans le vocabulaire ecclésiatique, est, dans le domaine littéraire, un écrit, souvent court, et diffamatoire ou pamphlétaire. 8 Sauf en Russie sous la pression de Catherine II et en Prusse sous celle de Frédéric II. 9 S'agissant de 1000 écus par ailleurs, on peut supposer que 3000 livres sont leur équivalent. |