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Pierre RICHELET (Cheminon, entre 1626 et 1631-Paris, 23 novembre 1698)



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Dictionnaire françois contenant les mots et les choses (1680)





ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
Pierre (ou César-Pierre, selon des sources différentes1) Richelet nait en Champagne, à Cheminon (entre Vitry-le-François et Bar-le-Duc) dans une famille " de robe " entre 1626 et 16312. Il est très tôt orphelin de mère. Et envoyé à Vitry (le-François), au collège des Pères de la Doctrine, où il apprend le latin. A partir de 1641 environ, Pierre est placé chez Nicolas Perrot d'Ablancourt3 comme secrétaire. A cette époque, Perrot travaille à son oeuvre de traductions d'oeuvres latines et grecques, qui seront qualifiées de belles infidèles. Lors de la rédaction de son dictionnaire, Richelet tirera bon nombre de citations des œuvres travaillées par Perrot. Vers 1650 il est, à Dijon, précepteur du fils du futur président au parlement de Bourgogne (M. de Courtivron). A cette époque règne dans la ville une vie intellectuelle intense, dans laquelle Richelet est immergé rapidement, et qui lui fait faire la connaissance (et donc bénéficier de leur savoir et de leurs relations) de Lantin, qui partage avec lui une quasi-vénération pour Perrot d'A. ; de l'abbé Nicaise en relation épistolaire avec des intellectuels européens (dont Leibniz et Bayle) ; et de Dumay, époux de la sœur de son employeur, et avec qui il a en commun le goût des lettres et du burlesque. Tous deux se piquent de faire des vers. Richelet, d'humeur belliqueuse, devenu coutumier de vers méchants, se fait expulser de Dijon et rentre en Champagne, en 1654. Il y devient régent4 au collège de Vitry, probablement grâce à l'aide de Perrot. Et agit à Vitry comme à Dijon, en ridiculisant par le biais de vers, des gens qu'il n'aime pas, voire qui ne l'aiment pas. En outre, lui nuit également l'épisode Louison Garnier, élève dont, très amoureux, il demande la main, laquelle lui est refusée par un père, à son contraire, riche et protestant. Disputes, l'affaire tourne mal, on en vient aux mains, plainte est déposée, qui ira jusqu'au procès. Il professe à Vitry jusqu'en 1661. Puis monte à Paris, où il est introduit dans le cercle littéraire de l'abbé d'Aubignac, avec qui il se fâchera, inimitié parallèle à sa belle amitié, qui perdure, avec Perrot et une autre, qui commence, avec Olivier Patru, un des orateurs les plus célèbres du barreau parisien de l'époque.5 A cette époque, il écrit, des madrigaux, et des essais poétiques, publiés. Il donne aussi des cours de français aux étrangers de passage, et sera quelques temps aide du précepteur du dauphin, en 1669. En 1664, Perrot meurt, et dans son testament, demande que Richelet achève son travail en cours, aidé de son neveu, Nicolas Frémont d'Ablancourt. La traduction finalisée de L'Afrique de Marmol Carvajal est très bien reçue des géographes. Elle restera pour eux un ouvrage de référence. Richelet vit alors une période prolixe, menant de front plusieurs activités d'écriture : un Art poétique, retitré La versification françoise (rédigée en 1666 et parue en 1671) ; diverses traductions, seul et avec d'autres, dont en 1669, Florinda del Ynca6 (Garcilasso de la Vega), et un dictionnaire de rimes (1667) avec Frémont. L'influence de celui qui est devenu son ami semble avoir été déterminante ; et on peut penser que c'est de cette rencontre que naquit son intérêt pour le vocabulaire. C'est sans doute aussi de leur collaboration que prend forme, chez Richelet, pendant leur travail de compilation pour le dictionnaire de rimes, l'idée du Dictionnaire françois7.


RICHELET ET SON Dictionnaire françois
Richelet , lorsqu'il se met à la rédaction de son dictionnaire, est alors lecteur de Patru. Il demande son appui. Patru, à l'Académie depuis 1640, trouvait alors bas le niveau lexicographique pendant les séances d'élaboration du dictionnaire, et suffisante l'attitude des académiciens, qui ne voulaient pas de citations, et se fondaient sur leur usage unique. Or ce principe de la citation, des plus importants dans l'esprit de Richelet, est soutenu par Patru. L'utilisation de citations est prépondérante dans le travail de l'ouvrage. Le corpus est constitué en premier lieu des traductions de N. Perrot d'Ablancourt, des Plaidoyers de Patru, des œuvres de F. de Maucroix8 et de Guez de Balzac, et du travail fait par Cassandre concernant les mots " de peu d'usage " concernant plantes, animaux, anatomie et pharmacie. Y sont adjoints bon nombre d'auteurs de Pascal à Molière en passant par Scarron. Le Dictionnaire françois est une œuvre primordiale puisque c'est le premier dictionnaire français de définitions. L'ouvrage est rédigé rapidement. Comme depuis 1674, c'était l'Académie qui avait, seule, le privilège assurant le monopole de la production lexicographique française, c'est à l'étranger, à Genève, que parait, en 1680, le Dictionnaire françois, chez Jean Herman Widerhold.


L'ŒUVRE DE RICHELET APRES 1680
Le Dictionnaire françois connaitra une 2e édition en 1681. Outre la nouveauté appréciée apportée par l'utilisation de citations, son succès viendra aussi de la polémique constante autour de son auteur. L'ouvrage sera réimprimé 4 fois, en 1685, 1688, 1689 et 1690. Et une édition augmentée verra le jour en 1693. En outre, Richelet éditera en 1687 Les plus beaux billets, & les plus belles lettres de divers auteurs, mises en ordre selon les matieres, devenu lors d'une réimpression Les plus belles lettres des meilleurs auteurs françois ; en 1695 Connaissance des genres françois ; en 1698 Traité de l'épigramme. Il rééditera, avec grand succès, en 1692, le Dictionnaire des rimes.

Nicole CHOLEWKA



Sources :
Jean Pruvost, Les dictionnaires de langue française, Que sais-je, puf, 2002.

Laurent Bray, César-Pierre Richelet, 1626-1698 : biographie et oeuvre lexicographique, with an English Summary, Tübingen, 1986, diff. Presses Universitaires de Lille. coll. Lexicographia, 15.


  



1Le prénom composé est mentionné dans son acte de mariage ; tous les autres documents mentionnent le prénom simple.

2La date de naissance de Richelet est incertaine : son baptême est enregistré en 1626 ; lui-même, lors de son procès en 1657, dit être âgé de 28 ans, ce qui le fait naître en 1629. Par ailleurs, c'est la date de 1631 qui a été la plus retenue par les biographes, probablement parce qu'ils suivaient la première biographie le concernant, qui soustrait l'âge déclaré de Richelet, 67 ans, à sa mort en 1698.

3Voir article à venir dans le Musée virtuel.

4Sous l'Ancien Régime, on appelle régents ceux qui enseignent dans les collèges (et les universités) (TLF).

5Du droit, Richelet en fit, dans ces années, mais il ne put plaider, n'ayant pas fait le stage qui validerait sa fonction.

6L'Histoire de la Floride connaîtra un gros succès au XVIIe s., époque au cours de laquelle les récits de voyages en Amérique suscitent une certaine fascination.

7Dictionnaire françois contenant les mots et les choses, augmenté d'une manière de sous-titre utile pour comprendre ce qu'a souhaité faire l'auteur : Plusieurs remarques sur la langue françoise ses expressions figurées et burlesques, la prononciation des mots les plus difficiles, le genre des noms, le régime des verbes avec les termes les plus connus des arts et des sciences le tout tiré de l'usage des bons auteurs de la langue françoise.

8Francois de Maucroix, traducteur et ami de La Fontaine.