Les dictionnaires de la langue française : une histoire et une dynamique |
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La première moitié du XIXe siècle : les accumulateurs de mots La Révolution française ne fut pas seulement politique, elle fut aussi linguistique. À la société née de la Révolution a correspondu en effet un lexique plus large. Au-delà des mots issus des diverses réformes, par exemple celle du système métrique, des mots nouveaux se répandirent dans le commerce. Les anglicismes commencèrent à s'incruster dans notre langue, en particulier dans les domaines techniques où l'Angleterre disposait d'une révolution industrielle d'avance. Par ailleurs, la vague montante des romantiques fit déferler dans la littérature un vocabulaire abondant et coloré. Le mélange des mots de basse ou noble extraction, archaïques, classiques ou nouveaux, n'est plus un obstacle : les barrières volent en éclats sous la poussée de ces écrivains chevelus qui rompent avec la tradition. Et nécessairement, ce sang neuf allait générer un nouveau mouvement lexicographique. De cette période de création lexicale, nous retiendrons notamment quelques dictionnaires réputés pour constituer avant tout des "accumulateurs" de mots, c'est-à-dire que, négligeant plus ou moins la définition et la précision dans l'information, ils se caractérisent d'abord par des nomenclatures pléthoriques. L'ouvrage de Boiste en 1800, Le Dictionnaire Universel de la langue française (1 vol., in-4°), repris en 1829 avec le sous-titre de Pan-lexique par Charles Nodier, celui de Napoléon Landais en 1834, et enfin celui de Bescherelle en 1845, illustrent tout à fait cette tendance à ouvrir les nomenclatures au plus grand nombre de mots, sans pour autant être très pertinents quant aux définitions. Les titres sont d'ailleurs révélateurs d'une surenchère qui se situe davantage sur la quantité que sur la qualité. Napoléon Landais intitule sans hésiter son ouvrage Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires ; quant à L. N. Bescherelle, il choisit d'appeler le sien tout simplement Dictionnaire national ou Grand Dictionnaire critique de la langue française embrassant avec l'universalité des mots français l'universalité des connaissances humaines, donnant ainsi d'emblée à son ouvrage le statut d'un véritable monument. Toute différente est cependant la sixième édition du Dictionnaire de l'Académie, remarquablement préfacée par A. F. Villemain, à l'époque la plus haute autorité universitaire et académique de France. La cinquième édition (1798) à laquelle D'Alembert et Marmontel avaient beaucoup contribué, n'avait pas été reconnue par l'Académie, l'Académie ayant été supprimée en 1793 et l'ouvrage publié sans son aval avec un "discours préliminaire" de tonalité révolutionnaire, et surtout un Supplément consacré aux "mots de la révolution", 300 environ répartis sur 12 pages. La sixième emporte au contraire unanimement l'adhésion, éclipsant même aux yeux de nos contemporains, à tort nous semble-t-il, la septième édition, harmonieuse et accueillante pour les mots nouveaux, publiée en 1878 sous la responsabilité de Silvestre de Sacy.
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